Est-ce que vous aimez les pommes de pin ? Un peu, beaucoup ?
J’adore les pommes de pin.
Je suis partie quelques jours durant le mois de septembre dans le Morbihan. Et j’ai ramené dans ma malle à trésors …
des pommes de pin, de délicieuses pommes de pin.
Tenez-vous bien, le petit écureuil des bois d’Olivier Tallec adore aussi les pommes de pin.
Il va sans dire qu’on ADORE ce petit écureuil des bois tant il est irrésistible avec sa p’tite bouille effrontée et sa queue en panache !
Et on adore le talent d’Olivier Tallec car c’est bien tout en finesse avec beaucoup d’humour et de tendresse que l’auteur nous invite à penser nos excès. Pour cela, quoi de mieux qu’une histoire d’amour ?
Ainsi donc, notre petit écureuil des bois est amoureux.
Il aime son arbre et l’arbre le lui rend bien. Il lui donne des pommes de pin.
Or, les histoires d’amour, c’est compliqué. Il arrive (trop) souvent qu’on dépasse les bornes même si au fond, on sait qu’on exagère, un peu, beaucoup, TROP.
Mais, notre petit écureuil est plein de bonnes intentions. Il peut bien se permettre d’être très gourmand.
Parce qu’il ADORE les pommes de pin.
Et les aiguilles. Et les branches.
Et … Allez, encore une ! Juste une.
Ce qui rend l’album particulièrement drôle, c’est tout le jeu qui s’installe entre l’image qui montre l’avidité, grandissante, de notre petit écureuil et le texte – le discours – qui toujours, en dépit des bonnes intentions (c’est fragile un arbre, il faut en prendre soin), élabore de bonnes excuses (quelqu’un va bien finir par manger les pommes de pin, alors autant que ce soit moi !). A voix haute, cela donne des possibilités d’intonations savoureuses !
Mais dis-donc, est-ce que ça ne nous rappellerait pas quelqu’un ?
En tout cas, notre ami risquerait bien d’y laisser sa queue en panache.
Faut pas croire, c’est fragile (aussi) un écureuil.
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La lecture m’a évoqué cet autre album jeunesse plus ancien « Deux petits oiseaux » de Dipacho.
C’est un album sans texte qui permet d’observer au fil des pages deux oiseaux, installés confortablement de part et d’autre d’un tronc d’arbre, y accumuler des objets en tout genre jusqu’au point fatal où l’arbre cède.
On sourira peut-être.
Ces deux albums ont 6 ans d’écart. Si les deux nous exposent bien les travers d’une société de consommation, la représentation de l’arbre n’est pas du tout la même.
Ici, nos deux oiseaux sont complètement indifférents à l’arbre. L’arbre est un habitat auquel on ne prête aucune attention, ce qui compte, c’est bien d’accumuler des biens dans un esprit de compétition avec le voisin.
Dans l’album récent d’Olivier Tallec, l’enjeu n’est pas tant de consommer moins (dans une planète dont on n’a que faire) que d’apprendre à respecter les limites d’un Autre – ami, d’un Arbre – partenaire.
De quoi aborder, avec petits et grands, l’importance de trouver le bon équilibre, en prenant en compte l’Autre qui me donne (aussi) son attention, et cela, SVP, faisons-le avec panache !