L’album d’Irène Bonacina est mon plus grand coup de cœur de l’hiver passé.
Emprunter “Nos chemins”, c’est un peu approcher le verbe Grandir dans ce qu’il a de plus beau et mystérieux à offrir, un voyage géographique.
Nous suivons Petite Ourse et Mamie Babka tisser un chemin ensemble à travers la nuit et les montagnes enneigées. La route apparait parfois vertigineuse, mais toujours Mamie Babka avec sa lanterne éclaire et rassure.
Une nuit, sous un ciel constellé d’étoiles, le chemin de Mamie Babka rejoint l’horizon. Invitée ainsi à prendre le large, Petite Ourse fait la rencontre d’Oumi. Les paysages se transforment peu à peu : ils mélangent les lumières de deux chemins qui soudain s’assemblent, chacun avec leurs propres souvenirs.
L’artiste compose à chaque double page des tableaux-paysages qui transportent. Ce ne sont pas de simples décors. Ils symbolisent par leur ambiance et leurs couleurs différentes étapes du cheminement : des couleurs de la nuit (pour le départ de Mamie Babka) vers celles de l’arc-en-ciel (pour célébrer une nouvelle rencontre) en passant par les couleurs de l’aube (pour la solitude) et les tons rougeoyant du crépuscule (pour la peur).
A voix haute, ce sont ces paysages qui modulent la voix, rythment notre lecture, imposent les silences, nous invitent à l’émerveillement.
Il aura fallu 7 années d’explorations à Irène Bonacina pour réaliser l’album. Fascinée par les jeux d’ombres et de lumière, elle compose ses paysages en relief à partir de déchirures et d’assemblages de papiers qu’elle place devant une source lumineuse.
Dans un entretien pour le journal des éditions Albin Michel, l’artiste confie :
“C’est un jeu de construction qui laisse une belle part à la contemplation, à la surprise et au hasard : un papier déchiré devient ici une montagne, mais là, vu à l’envers, c’est un reflet, un bout de ciel, un mirage”