L’automne est là ! Le vent se lève. Les feuilles tourbillonnent et craquèlent sous nos pas. C’est le moment tant attendu pour vous présenter l’album jeunesse Mon arbre à secrets de Olivier Ka et Martine Perrin.
Tout au fond du jardin, un enfant se lie d’amitié avec un arbre … Mais que deviendraient tous ces secrets confiés à l’arbre s’ils venaient à s’envoler, comme autant de feuilles d’automne emportées par le vent ?
Je suis particulièrement attachée à cet album car c’est lui qui m’a introduit à l’univers des albums jeunesse il y a déjà cinq ans !
Ce qui m’apparait au fond extraordinaire ici, ce sont les possibilités esthétiques de l’album jeunesse qui permettent de rendre compte de la réciprocité de la rencontre.
Dès les premières pages, l’arbre nous apparait tout à la fois interlocuteur (l’enfant le regarde) et partie prenante de l’intimité de l’enfant (qui en a intériorisé l’image et sa présence).
Si le contenu des secrets ne nous est jamais révélé, nous savons (et c’est bien plus précieux !) qu’ils appartiennent à ce tête-à-tête complice …
Pour en confier l’importance, c’est tout le livre qui joue sur des mises en résonance. On ne se lasse pas alors des jeux de correspondance entre les couleurs, les formes et le texte ainsi que du plaisir induit par les mécanismes de papier qui font vivre à l’enfant, poésie, surprise et, comme par magie, font entendre le bruit du vent dans les arbres et le craquèlement des brindilles !
Dans ce passage (mon préféré), l’enfant qui repense aux choses qu’il a dites à son arbre, rougit. Par l’action de la petite tirette, nous comprenons que l’enfant rougit avant même de lire le texte ! Texte/image se font écho l’un à l’autre, disent ce qui s’énonce si difficilement mais s’appréhende avec tendresse … comme un secret.
Et si, à notre tour, nous faisions rougir les petites joues de nos aventuriers des bois ?
Je me souviens avoir lu Mon arbre à secrets à la fin d’une semaine de stage durant laquelle chaque matin, les enfants avaient l’occasion d’aller rencontrer un arbre de leur choix dans un parc. Ces rencontres avaient été au fond, assez pauvres, trop cadrées, trop limitées dans le temps. J’ai ainsi souhaité les entraîner en forêt de Soignes le dernier jour et partager la lecture de Mon Arbre à secrets. Cette fin d’après-midi-là, en retournant prendre le métro, Lucie s’était approchée de moi et me glissant sa main dans la mienne me demanda, timide : « Dis, comment je fais, si je n’ai pas de jardin chez-moi, pour raconter mes secrets à mon arbre ? ».
C’est bien vrai ça.
Comment fait-on pour raconter des secrets à son arbre si on n’a pas de jardin ? Pour sûr, on commencera peut-être par raconter des histoires.