Bonjour les raconteurs,
Je reçois ce matin d’une amie raconteuse cette pépite “La Porte” de l’artiste coréenne JiHyeon Lee. Ni une, ni deux, j’ouvre le livre comme s’il s’agit de la vieille porte de la première de couverture, curieuse de savoir sur quel trésor elle peut bien s’ouvrir.
Criiii Criiii (porte qui grince).
J’arrive dans un univers dessiné tout au crayon gris. Et dans ce monde un peu étrange, un oiseau de couleur avec des ailes de p’tite fée des champs et une trompe d’éléphant dépose une clé au sol et s’envole.
Attiré par le bruissement d’ailes, un enfant trouve la clé. Au départ un peu surpris et craintif, il se laisse guider par ce drôle d’oiseau-papillon et traverse une foule de gens distants et suspicieux qui laissent des espaces vides sur la page.
Il ne manque plus sur chaque visage qu’un masque anonyme et nous aurions là un tableau fort réaliste de notre allure en temps de pandémie, pas vrai ?
L’enfant nous retrouve finalement devant cette vieille porte massive recouverte de toiles d’araignées d’un autre siècle. Il hésite, introduit la clé …
et bascule dans un monde tout autre, bucolique et coloré, peuplé de personnages loufoques, mi-animaux, mi-humains, qui s’unissent en chantant et festoient sur des doubles pages qui fourmillent de détails et de vie.
Dans cet univers folklorique, d’autres portes encore s’ouvrent sur d’autres mondes. Entrer dans cet univers multiple n’a pourtant rien de confortable. Cela implique de dépasser ses peurs. Mais c’est bien muni d’une palette de couleurs que l’enfant retraversera la porte, prenant soin de la laisser entrouverte.
Par ce jeu de contrastes, l’album suscite une réflexion sur la qualité de nos liens et l’ouverture/fermeture des frontières. Il évoque aussi cet espace imaginaire - de résilience - dont les histoires organisent le territoire. Paru en 2019, sa signification est encore renforcée aujourd’hui tant nous pouvons nous reconnaître piégés dans cet univers froid où nous apprenons à garder nos distances avec tout autre que nous-mêmes.
Cet album a la particularité d’être un album sans texte. J’en profite pour vous partager un très bel article sur le rôle que peuvent prendre les albums sans texte dans des contextes interculturels. L’article rend hommage à une initiative de bibliothèque sur l’île de Lampedusa submergée depuis quelques années par les arrivées de migrants. Ouverte en 2017, c’est la première bibliothèque à s’implanter sur le territoire de l’île ! Elle rassemble aujourd’hui une collection d’albums sans texte du monde entier !
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